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La reine Hatchepsout

Les inconvénients d’un vedettariat

Hatchepsout est l’une des vedettes de l’histoire égyptienne. Même si son nom sonne de façon insolite à nos oreilles, son histoire a paru tellement extraordinaire que l’imaginaire romanesque (et parfois… égyptologique !) s’est emparé d’elle pour en faire une intrigante dévorée d’ambition, une dévoreuse d’hommes, une Machiavel en pagne qui persécuta le frêle Thoutmosis III avant d’être elle-même persécutée par ce pharaon revanchard ; elle aurait aussi supprimé quelques courtisans par-ci, par-là, afin de mieux asseoir sa domination sur le royaume. Bref, une kyrielle d’horreurs, dans le plus pur style d’une Catherine de Médicis. Mais l’Égypte vivait d’autres valeurs, et y projeter nos turpitudes est une erreur regrettable.

Le « dossier Hatchepsout » contient un certain nombre de documents[38] qui permettent de retracer quelques-uns des épisodes de son aventure, elle qui fut grande épouse royale, régente puis Pharaon. Contrairement à une idée reçue, Hatchepsout ne fut ni la première ni l’unique femme Pharaon ; elle s’inscrit dans une lignée de femmes au pouvoir, dont la stature politique ne choquait en rien les Égyptiens. Si la notoriété d’Hatchepsout a éclipsé celle des régentes et des reines-pharaons qui l’ont précédée, c’est en raison de la longueur de son règne et de la relative abondance de la documentation archéologique qui la concerne.

Tel qu’il ressort d’une étude attentive, le visage d’Hatchepsout est tout à fait conforme à l’idéal pharaonique et fort éloigné, avouons-le, d’une vision romantique ou sulfureuse.

La lignée des Thoutmosis

La grande reine Ahmès-Néfertari mourut, nous l’avons vu, au début du court règne du premier des Thoutmosis (1524-1518 av. J.-C.). On passait ainsi du dieu-lune combattant, Iâh, au dieu-lune Thot, considéré comme interprète du soleil, Râ. Thot entra dans la composition du nom des quatre Thoutmosis, « ceux qui sont nés de Thot ».

On admet que Thoutmosis Ier fut le père d’Hatchepsout ; il mena une campagne militaire en Asie, sans doute pour dissuader des trublions de s’en prendre au Delta. Ce fut d’ailleurs l’une des obsessions des souverains du Nouvel Empire : fortifier la frontière du nord-est, contrôler la Syro-Palestine, maintenir un glacis protecteur entre les marges septentrionales de l’Égypte et les envahisseurs potentiels.

Époque pacifique, néanmoins ; grâce au génie d’un maître d’œuvre exceptionnel, Inéni, Thoutmosis Ier en profita pour développer Karnak, temple encore modeste, qui allait peu à peu devenir une immense ville sainte où Amon, le principe caché, accueillerait les sanctuaires d’autres divinités. Le projet était d’envergure ; il s’agissait de donner à Thèbes, la cité victorieuse des barbares hyksôs et responsable de la réunification des Deux Terres, une dimension digne de celle de l’antique Memphis.

Lorsque Thoutmosis Ier quitta le monde des humains pour rejoindre ses frères les dieux, Hatchepsout était une jeune femme âgée de quinze ans selon les uns, de vingt selon les autres. Elle devint la grande épouse royale de Thoutmosis Ier, dont le règne demeure une énigme ; selon les historiens, en effet, sa durée varie de trois[39] à quatorze ans !

Entre en scène un jeune garçon, Thoutmosis III, continuateur de la lignée des « fils de Thot ». Sur ses origines, aucune certitude. On voudrait qu’il fût le fils de Thoutmosis II et d’une « concubine », tant notre projection de fantasmes, née de la fascination pour les harems ottomans, s’applique souvent de manière erronée à l’Égypte ancienne. À la mort de Thoutmosis II, le jeune Thoutmosis III, pharaon désigné, devait avoir entre cinq et dix ans, et n’était donc pas apte à gouverner.

Hatchepsout, régente du royaume

Que se passa-t-il pendant cette période : intrigues de palais, sordides complots, manipulations souterraines ? Rien de tout cela. Conformément à la tradition, on demanda à la grande épouse royale, en l’occurrence Hatchepsout, d’exercer une régence. Son fils[40] installé à la place du roi défunt comme Pharaon des Deux Terres régna sur le trône de celui qui l’avait engendré, dit un texte, tandis que sa sœur, l’épouse du dieu Hatchepsout, s’occupait des affaires du pays, les Deux Terres étant sous son gouvernement. Son autorité fut acceptée, la vallée lui fut soumise[41].

Le maître d’œuvre Inéni précise qu’Hatchepsout conduisit les affaires de l’Égypte selon ses propres plans. Le pays œuvra en courbant la tête devant elle, la parfaite expression divine issue de Dieu. Elle était le câble qui sert à haler le Nord, le poteau où l’on amarre le Sud ; elle était la drosse parfaite du gouvernail, la souveraine qui donne les ordres, celle dont les plans excellents pacifient les Deux Terres quand elle parle.

N’oublions pas les fonctions rituelles d’Hatchepsout : elle est épouse du dieu, Divine Adoratrice d’Amon, « main du dieu[42] », et « celle qui voit Horus et Seth ».

La tombe de la reine Hatchepsout

La régente fit creuser sa demeure d’éternité dans un site original : un oued d’accès difficile et une falaise où l’on aménagea un étroit couloir dont l’entrée, une fois bouchée, serait impossible à repérer. Hatchepsout ne pouvait envisager l’acharnement des pillards modernes qui, à force de contorsions et d’escalades, finirent par découvrir sa sépulture.

Dans la tombe de la régente, un sarcophage au nom d’Hatchepsout, « souveraine de tous les pays, fille de roi, sœur du roi, épouse du dieu, grande épouse royale, maîtresse des Deux Terres ». À la déesse du ciel, Nout, la reine demandait de communier avec elle et de lui accorder une place parmi les étoiles impérissables.

Le destin de la veuve de Thoutmosis II semblait donc tout tracé : assumer la régence, puis s’effacer derrière le pharaon Thoutmosis III, dès qu’il aurait acquis les compétences nécessaires pour régner.

Le visage d’Hatchepsout

Par nature, un pharaon d’Égypte est éternellement jeune, et il est vain, en règle générale, de voir des portraits dans la statuaire sacrée et, plus encore, d’en tirer des indications psychologiques en fonction de nos propres critères. Comme il se doit, les sculpteurs créèrent l’image symbolique d’une Hatchepsout divinement belle et jeune à jamais. On tenta pourtant d’établir un portrait type de la reine[43] : yeux étirés en amande, nez long, droit et étroit, joues presque plates, bouche petite, lèvres fines, menton menu. Une très jolie femme, féline, au léger sourire. Bref, une Hatchepsout idéale dont la féminité n’est pas occultée par la charge du pouvoir. Ce n’est d’ailleurs pas l’Hatchepsout humaine qui est incarnée dans la pierre, mais son ka, l’aspect immortel de l’être qui a vaincu le vieillissement et la mort.

Quand un oracle transforme une reine en Pharaon

Le vingt-neuvième jour du deuxième mois de la saison d’hiver, en l’an 2 du règne de Thoutmosis III, survint un événement extraordinaire : l’oracle du dieu Amon, dans la grande cour du temple de Louxor, promit à Hatchepsout qu’elle régnerait dans le futur, sans donner de date précise[44]. Il est probable que la statue du dieu, portée en procession, s’inclina devant la reine, et qu’un prêtre prononça des paroles qui rendaient compte de la volonté du Maître divin.

Pourquoi cette décision ? Nous l’ignorons. Elle est d’autant plus surprenante qu’Hatchepsout ne commença pas à régner à cette date, mais ne fut couronnée que cinq ans plus tard, en l’an 7 de Thoutmosis III. Bien que son nom ne figure pas dans les listes de pharaons découvertes jusqu’à présent, Hatchepsout est bien connue par d’autres sources, et sa qualité de Pharaon régnant ne fait aucun doute.

La terrible Hatchepsout réduisit-elle au silence le malheureux Thoutmosis III, le jeta-t-elle au fond d’un cachot ? Certes non. D’une part, elle s’inscrivit dans les années de règne de Thoutmosis III, sans décréter un « an 1 » qui lui eût été propre, et c’est pourquoi la tradition lui attribue vingt et un ans et neuf mois de règne, alors qu’elle ne gouverna, semble-t-il, qu’une quinzaine d’années (1498-1483 av. J.-C.) ; d’autre part, Hatchepsout associe Thoutmosis III à plusieurs actes officiels, comme l’exploitation des carrières ou l’inauguration des sanctuaires. En l’an 12, en l’an 16, en l’an 20, on voit Hatchepsout et Thoutmosis III ensemble, chacun se présentant comme Pharaon. Ils forment donc un couple qui n’est pas composé d’un mari et d’une femme, mais de deux souverains ; nous verrons qu’Hatchepsout, femme-Pharaon, réunissait en elle les polarités féminine et masculine.

Il est clair que deux règnes, celui de Thoutmosis III et celui d’Hatchepsout, se superposèrent ; ce cas de figure se présenta à plusieurs reprises au cours de l’histoire d’Égypte. Mais cette fois, la période de règne commun fut particulièrement longue. En toute certitude, il faut renoncer à la théorie d’un conflit entre Hatchepsout et Thoutmosis III.

De l’an 2 à l’an 7, aucun fait saillant. Et puis, en l’an 7 de Thoutmosis III, ce qu’avait annoncé l’oracle d’Amon se réalisa : la reine Hatchepsout devint Pharaon.

 

Les égyptiennes
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